Mathieu Lemoine: « Il valait mieux assurer »

« Je crois que j’ai des bras d’orang-outang… (rires) J’ai les bras qui se sont rallongés. Je ne voulais qu’une chose, c’est descendre de cheval, je n’en pouvais plus. Je suis évidemment très satisfait du parcours de Bart. Il est parti très très bien, je suis parti vite car j’avais prévu de faire l’option de la première pointe. Après, avec la fatigue de fin de tour, j’avais plus de difficultés à le reprendre. C’est un cheval avec une énorme action. Tout ce que l’on peut visualiser habituellement était en décalage avec mon cheval. Je n’ai pas eu le saut que j’espérais sur le dernier gué. Si j’avais eu un tir tendu, j’aurais continué tout droit mais il m’a fait un tout petit saut. J’avais vu que c’était très compliqué pour ceux qui faisaient un saut timide à l’entrée donc j’ai choisi tout de suite l’équipe. En individuel, j’étais parti pour en prendre 10 ou 15 (de points, ndlr), c’était donc déjà cuit. Il valait mieux assurer et c’est sans regret.

On s’était mis d’accord avec Thierry pour optionner la première pointe. Pour le reste, j’avais carte blanche, je pouvais aller tout droit partout si je sentais que je peinais, que ça accrochait. C’est sans doute notre plus gros tour. Il n’a que 10 ans. Je suis très content de la maturité dont il a fait preuve. Il a un peu faibli en fin de tour. Ce n’était pas un tracé idéal pour mon grand cheval, très tournant et difficile pour lui. Le modèle de cheval le plus adapté est un petit cheval très maniable.

En dehors des pointes, je n’appréhendais rien techniquement. La seule interrogation étaient son physique et sa tenue. Il est arrivé un peu fatigué mais après 5-10 minutes passées avec lui, il est super frais. En fait il s’est foutu de moi, il n’a pas tout donné, il lui en restait encore (rires).

Normalement c’est un beau sauteur. On n’est jamais à l’abri d’un bête 4 points mais il n’a jamais fait de catastrophe. Ce sera la première fois qu’il disputera deux tours d’hippique comme beaucoup d’autres chevaux. Cela dépendra du contexte, du public, de beaucoup de paramètres.

Cela ne me choque pas que les juges aient enlevé un refus à Sandra Auffarth. Très sportivement, cela ne me dérangerait pas qu’elle en ait un de plus (rires) ! Non non il n’y avait pas refus, il n’y a rien à dire.

J’ai vu Chris Burton, royal. Sam Griffiths assure en début de parcours, il avait peu d’informations, et rentre avec 16 secondes. J’ai vu Astier qui m’a fait frissonner, Karim aussi, on était de tout coeur avec lui car son cheval semblait assez fatigué. J’ai regardé Thibaut du restaurant, car je me suis forcé à manger un petit peu. J’étais avec les gars de CSO. C’était cool de leur part, c’est mieux d’être accompagné dans ces moments là, ils ont eu des mots très gentils.

On l’avait vu venir, personne n’avait pris ça pour un cross facile. Et encore, je trouve qu’on a assez de chance avec la chaleur. Il fait relativement doux. Cela reste un parcours très éprouvant, avec beaucoup de dénivelés, assez sinueux. Dès qu’on prend une option ou deux, les chevaux s’épuisent vite, on est à moitié à l’arrêt.

Nous allons beaucoup les marcher ce soir. Ils sont déjà dans la glace, ils vont dormir dans l’argile, les bandes, les massages et tout ce que l’on peut faire de mieux pour eux. Les grooms vont passer une nuit assez courte. Je vais le monter un peu avant ou après la visite. Un petit stretching avec Serge Cornut avant l’obstacle me rendra bien service. C’est ce que l’on avait fait aux Championnats d’Europe et ça avait bien fonctionné. »

Propos recueillis à Rio par Elodie Muller. Transcription : Xavier Boudon.